Après l’obtention d’une licence de violoncelle au CNSMD de Lyon, j’ai effectué une année de master à l’Académie Ferenc Liszt de Budapest dans le cadre d’un échange Erasmus. J’ai été très touchée par l’envie de transmission, la passion et la générosité des professeurs hongrois. Après mon master d’interprète en France, j’avais envie d’enseigner avec une pédagogie différente de celle dont j’avais bénéficié, très « scolaire ». J’ai découvert la pédagogie Kodály lors d’un stage avec Grégory Hérail à Lyon à l’issue duquel j’ai eu envie d’aller me former à Kecskemét. Après cette année à l’Institut Kodály j’étais lauréate de la bourse « Bacon-Erdei » de la fondation Kodály pour effectuer un an de récitals autour de la musique hongroise du XXème siècle. Me voici à présent de retour à Lyon pour un diplôme d’artiste au CNSM, des concerts, et l’ouverture d’une classe de violoncelle et musique de chambre à l’école Bouge et chante !
La première semaine à l’Institut n’a pas été la plus facile. Il m’a fallu accepter la rigueur demandée et m’ouvrir à une nouvelle manière d’apprendre très cadrée, structurée et complète à laquelle je n’étais pas habituée. Je suis partie à Kecskemét pour apprendre à transmettre la musique aux enfants. L’enseignement que j’ai reçu a dépassé mes attentes. J’ai appris la pédagogie, mais avant tout j’ai commencé à apprendre la musique sous tous ses aspects. J’avais étudié le violoncelle en France, j’avais été formée comme instrumentiste avant d’être formée comme musicienne. Ma musicalité était instinctive. A l’Institut Kodály, l’apprentissage du chant, de l’harmonie, du piano, de la lecture sur conducteur et de la direction m’ont permis de découvrir la musique, d’apprendre à la comprendre et l’apprivoiser pour la ressentir. Les cours de solfège m’ont fait découvrir le très grand intérêt de la connaissance de l’harmonie pour l’interprétation. J’ai découvert le plaisir d’écouter. J’avais très souvent été encouragée en France à choisir un seul domaine, un seul instrument… Êtant de nature très curieuse et ouverte, je n’avais jamais beaucoup aimé ces restrictions. À Kecskemét, les élèves sont encouragés à être des musiciens complets grâce à un enseignement varié.
Ayant l’oreille absolue, l’enseignement du solfège relatif m’a permis de m’ouvrir à une autre manière d’aborder la musique et de comprendre comment peuvent fonctionner les oreilles de mes élèves. Grâce à cela, j’ai compris que chaque oreille et chaque cerveau avaient leur propre fonctionnement et que l’apprentissage de la musique en France favorisait souvent un petit pourcentage de la population.
Les cours de pédagogie m’ont donné de réels outils concrets pour enseigner et former l’oreille des enfants. J’applique les principes de cette pédagogie pour créer des cours de violoncelle où l’on n’apprend pas seulement à se servir d’un instrument mais à découvrir la joie d’être un musicien complet, quel que soit l’âge et le niveau. Enseigner devient pour moi une véritable création, entre les
élèves et moi.
Morgane de Lafforest